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Jean (9, 1-38) ou (1-41)

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L’aveugle de naissance

Bartimée

Versets 1-38 :

En ce temps-là, en sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme aveugle de naissance. Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »

Le regard des disciples est un regard qui condamne et enferme l’autre sur son péché.

Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui. Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler. Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

 » Jésus voit dans l’Homme aveugle un cœur prêt à s’ouvrir,
à entrer dans un processus de guérison
en y prenant sa part sur une simple parole :  » va te laver « .
Il voit un homme prêt à prendre les risques
d’une confession de foi en milieu hostile (…) à devenir un croyant, un témoin.
« 
(Emmanuelle Billoteau, ermite, pour  » Prions en Église « )

Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

Jésus reprend ici le geste du Créateur,
qui modela l’Homme à partir de terre :
c’est donc ici une « recréation », une « nouvelle création » que Jésus réalise.

 » Il faut à l’aveugle une démarche personnelle pour que la Parole de Jésus devienne efficace. Une démarche de foi. Le rite est d’ordre baptismal : une onction (la boue) et une plongée dans l’eau de la piscine de Siloé « . (de  » l’Envoyé « ). (P. Benoît Gschwind, assomptionniste pour « prions en Église« ).

Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. » Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? » Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. » Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. » Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés. Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. » Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? » Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. » Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ. Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »
Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. » Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. » Ils lui dirent alors : « Comment a-t‑il fait pour t’ouvrir les yeux ? » Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? » Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. » L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. » Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. » Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.
Versets 39-41 :
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour rendre un jugement : que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. » Parmi les pharisiens, ceux qui étaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous aveugles, nous aussi ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : “Nous voyons !”, votre péché demeure. »

Par deux symboles, Jésus s’affirme comme « venant de Dieu » :
– Il agit le jour du Sabbat, il a pouvoir sur l’interdit.
– Il guérit l’aveugle de naissance avec de la boue, comme Dieu a créé l’Homme avec de la terre : geste créateur, re-naissance de l’aveugle.

Mais les hommes sont sceptiques… reconnaître la guérison, c’est voir Dieu en Jésus, et s’attirer les foudres du pouvoir religieux…
Les pharisiens cherchent un prétexte pour justifier leur rejet de Jésus :
– « Non, ce n’est pas lui, c’est un autre qui lui ressemble« 
– « et puis d’abord dis-nous comment il a fait ? « 
–  » où est-il ? « 
–  » il n’est pas de Dieu car il ne respecte pas le Sabbat « 
- » si ça se trouve, il n’a jamais été aveugle « 

En cherchant des arguments, les pharisiens passent à côté de LA Rencontre avec Jésus.
Leur orgueil consiste à se croire seuls détenteurs de la vérité. Ils sont pleins d’eux-mêmes. Ils sont « aveuglés ».

 » Avons-nous ce discernement
qui nous fait percevoir chez les autres
le frémissement d’une vie en attente de croissance ? « 
(Emmanuelle Billoteau, ermite, pour «  Prions en Église « )

L’évolution de l’aveugle de naissance au cours du récit est intéressante :
– au début, il ne dit rien, et obéit docilement à la demande de Jésus :  » va te laver à la piscine de Siloë « .
– Devant les voisins et les pharisiens, il témoigne d’abord prudemment : « Je ne sais pas « 
– Puis dans un deuxième temps, il s’engage plus courageusement : «  c’est un prophète « 

Beaucoup d’hommes sont restés à ce stade envers Jésus : «  ce n’est qu’un prophète…« 
– plus loin, l’aveugle prend la défense de Jésus : «  s’il n’était pas de Dieu, il n’aurait pas pu me guérir « , et il se fait exclure.
– Jésus le rencontre à nouveau, et lui demande d’atteindre le niveau supérieur, la Foi :
      » Crois-tu au Fils de l’Homme ? «  
      » qui est-il Seigneur ? «    
      » tu le vois, et c’est lui qui te parle « .
Alors se jetant à ses pieds il se prosterne et dit  » je crois Seigneur ! « .

Pour passer de l’ignorance à la foi, le croyant doit prendre des risques, traverser beaucoup d’oppositions, de rejets, et entrer en dialogue personnel avec Jésus. Il doit chercher la Vérité pour enfin le reconnaître comme Dieu.

Dans son livre « Mon Dieu, c’est Toi !  » Sœur Pascale-Dominique écrit :
 » La réalité n’est pas réductible à ce que l’on voit de ses yeux de chair (…)
il s’agit d’ouvrir son cœur comme les pèlerins d’Emmaüs
dont les yeux étaient aveuglés jusqu’à ce que Jésus bénisse le pain du repas, le rompe
et le leur donne. Alors « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent » (Luc 24, 31) ».

« Ni la vie de Jésus, ni sa mort, ni même sa résurrection ne sont triomphantes.
Tout en lui demeure silencieux et donc, contestable. Rien n’est prouvé, tout est donné.
Alors, après quoi courons-nous ? « 

Proposition de prière :

Seigneur, donne-moi des yeux pour te voir !
Amen !

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