Extrait de « Dialogues avec l’ange »
recueillis par Gitta Mallasz
Lili : » La douleur, qu’est-ce que c’est ? «
Ange : » L’ange gardien. L’ange gardien de l’animal.
La faute que la peur signale à l’avance,
la douleur la signale après. Les deux ne font qu’un.
Ta loi est la joie.
Lorsque je suis avec toi, connais-tu la joie ?
Lili est si remplie de joie qu’elle ne trouve pas de mots pour l’exprimer ;
elle acquiesce en silence.
Ange : » Qu’est-ce qui te réjouirait encore plus ? «
Lili : » Plus, c’est impossible. «
Ange : » Rien n’est impossible. Il n’y a pas d’impossible. L’impossible n’existe pas. Tout est possible. «
Suit un long silence. Nous sentons tous que Lili est touchée jusqu’au fond de son être, et je n’ose même pas la regarder, de peur de surprendre quelque chose de sacré et de trop intime.
Ange : » Demande, mon petit serviteur ! «
Lili : » C’est si étrange de demander maintenant.
J’ai eu le sentiment que j’avais cessé d’exister.
Ange : » Bien sûr, tu vas cesser d’exister.
Je viens de te bercer dans mes bras, toi que jamais personne n’avait bercée.
Et c’est bon pour moi de pouvoir te bercer. » (…)
(Extrait de l’entretien 26 avec Lili)
En 1943, alors que la Hongrie n’est encore qu’au bord de la guerre,
quatre jeunes gens – Hanna, Lili, Joseph et Gitta – décident d’installer leur atelier de décoration dans un petit village, pour y vivre une vie plus attentive à l’essentiel. Si une même faim spirituelle les rapproche, aucun d’entre eux, pourtant, n’a jamais pratiqué sa religion.
Le jour où ils entreprennent de faire le point par écrit sur leurs problèmes personnels, Gitta se dérobe, se réfugie derrière des banalités. Hanna tout d’abord s’en irrite, puis a juste le temps de prévenir son amie – « Attention, ce n’est plus moi qui parle ! » avant de prononcer, en toute conscience, des paroles qui manifestement ne peuvent lui appartenir.
Pendant 17 mois, des forces de Lumière – que les quatre amis appelleront « anges » ou « Maîtres intérieurs » – s’exprimeront par la bouche de Hanna. Dix-sept mois qui deviendront de plus en plus dramatiques : juifs tous trois, Joseph, Lili et Hanna partiront pour les camps de la mort. Seize ans plus tard, Gitta, la seule survivante, pourra enfin emporter en France les petits cahiers où avait été consigné mot par mot, lors de chaque rencontre, ce véritable « reportage sur une expérience spirituelle ».