TALITHA KOUM !
La mort n’est jamais banale, jamais » acceptable « ,
d’autant plus lorsqu’il s’agit de la mort d’un enfant…
La » réanimation » de la fille de Jaïre est l’anticipation de la résurrection de Jésus,
le début d’une immense espérance pour l’Humanité : la mort n’est pas la fin, seulement un passage…
Évangile selon St Marc (5, 21-43)
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer.
Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre.
Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment :
« Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. »
Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
On ne sait où donner de la tête dans ce passage…
Jésus est harcelé de toutes parts…
On imagine bien la foule, le bruit.
Beaucoup à l’arrière, ne verront rien de ce qui se passe à l’avant…
Même au cœur du brouhaha, de l’agitation, un échange « privé » avec Jésus, est toujours possible : courte prière, quelques mots suffisent pour créer le » cœur à cœur « . Jésus n’est pas compliqué… il » prend » le peu qu’on lui offre.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement.
Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal.
Cette femme était déclarée impure à cause des pertes de sang : elle devait rester à distance des hommes.
Aujourd’hui encore, dans les synagogues, les femmes ont l’interdiction de toucher les rouleaux de la Loi durant leurs règles.
Cette guérison se produit discrètement, par derrière, à l’insu de Jésus.
Mais Jésus n’en reste pas là…
Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? »
Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “ Qui m’a touché ? ” »
La différence du » toucher « , entre cette femme timide et la foule, est dans l’intention, mais aussi dans la foi…
Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Jésus aide la femme à dépasser le geste » magique » (toucher), en engageant le dialogue avec elle… Le dialogue est le mode de relation que Jésus aime : cela reste vrai pour notre prière… Jésus n’est jamais » déjà au courant « , il aime nous écouter, recevoir notre ressenti, notre vérité…
La femme passe ainsi de la peur à la paix : » Va en paix « .
Jésus guérit le corps et apaise l’esprit.
Ces mots » va en paix » sont repris par le prêtre,
en clôture du sacrement de la réconciliation : » Allez en paix « .
Jésus enlève toute culpabilité paralysante et remet en route » va » !
Il souhaite avec chacun(e) de nous ce dialogue » en Vérité « .
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? »
Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. »
Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques.
Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris.
Devant la mort, Jésus n’explique rien du pourquoi, du comment : » Ne crains pas, crois seulement « . L’enjeu majeur, devant la mort, c’est de continuer à croire. Jésus fait le reste…
Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. »
Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant.
Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : «Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »
Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans.
Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.
Discrétion de Jésus, qui agit dans l’intimité familiale : » grande stupeur ! «
Les yeux des témoins stupéfaits découvrent Dieu, en la personne de Jésus ! Qui d’autre aurait pu, sinon Dieu ?…
Jésus les ramène à la réalité : « n’oubliez pas de la faire manger…«
Souvent Jésus accompagne les guérisons de la phrase » tes péchés sont pardonnés « , signant ainsi le Salut qu’il est venu apporter. Il ne le dit pas ici, pour cette toute jeune fille, (qui n’a peut-être pas eu le temps de commettre des péchés)…
Mais en la relevant (« Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! « ) il lui redonne la même dignité, celle que les Hommes perdent dans le péché-mort véritable…
Jésus vient nous redonner notre dignité d’enfants de Dieu, menacée par le péché, par la mort…
La » réanimation » de la fille de Jaïre n’est qu’une remise en route dans la vie ordinaire : elle ne sera pas dispensée de mourir un jour, une seconde fois.
La résurrection de Jésus n’est pas au même niveau : il réapparait » différent » aux yeux des disciples, il » traverse » les murs » et il n’aura pas à mourir de nouveau… L’Ascension est l’expression de cette dernière disparition aux yeux des Hommes, qui comprennent désormais cette » Présence universelle » invisible, et pourtant bien réelle…
Le récit de cette résurrection nous est parvenu grâce à la présence de Pierre, Jacques et Jean…
Il nous est parvenu pour que nous croyions que Jésus n’est pas seulement un homme,
mais aussi qu’il vient de Dieu, qu’il est » Présence de Dieu » dans l’Histoire,
dans le temps Humain.
Le croyons-nous vraiment ?
Proposition de prière devant la mort d’un Être cher :
Seigneur tu sais ma peine et ma douleur immenses.
La mort de cet être si cher m’anéantit, me révolte !
Pourquoi Seigneur ? …
Je souffre tellement.
Mon cœur crie vers toi injustice, horreur et scandale ! …
Le silence me répond.
Insondable déchirure,
solitude indicible !
Je suis dans la nuit,
anéanti.
Viens Seigneur, donne-moi un signe,
tends-moi la main !
Ne me laisse pas.
Aide-moi à vivre, malgré l’absence,
aide-moi à croire, malgré la mort.
Amen !