Renvoyer sa femme ? …
Évangile selon St Marc (10, 1-12) ou (10, 2-16) ou (10, 13-16)
En ce temps-là, Jésus arriva dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain. De nouveau, des foules s’assemblèrent près de lui, et de nouveau, comme d’habitude, il les enseignait. Des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient :
« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? »
Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? »
Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. »
La vie à deux est souvent difficile…
Passé l’éblouissement des débuts, des tensions peuvent apparaître, qui nécessitent beaucoup de dialogue et de compromis pour être surmontées :
il est plus facile de rompre, que de se remettre en question…
L’idée masculine de supériorité sur la femme est à l’origine de bien des atrocités, encore aujourd’hui…
Les juifs de l’antiquité se croyaient supérieurs aux femmes (les hommes d’aujourd’hui aussi…).
La société Juive ne permettait pas aux femmes d’être autonomes.
Pour apaiser les conflits « femme/mari », un « arrangement » avaient été inventé par Moïse : la répudiation.
Elle donnait l’avantage et l’initiative au mari, laissant la femme dans une situation très précaire… (mendicité, prostitution…)
Jésus ne pouvait pas approuver.
Les musulmans ont conservé l’antique (et odieux) privilège masculin de la polygamie, jusqu’à aujourd’hui…
Pauvres femmes, contraintes d’accepter les débordements masculins, sans contrepartie !
Ainsi l’homme bénéficie d’une liberté sexuelle débridée, l’autorisant à « avoir » plusieurs femmes, soumises à son bon vouloir, mais la femme n’a aucun droit.
Quel est cet orgueil qui prétend qu’une seule femme ne peut suffire à contenter un homme ?
Quel est cet homme qui attache sa femme à la maison, comme le fermier, sa vache à l’étable ?
Quelle est cette relation qui prend et néglige de donner ?
Jésus rappelle l’Écriture… La volonté de Dieu, c’est l’Amour, et l’Amour commence par le respect, l’humble respect… respect mutuel.
Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! »
Il est bien -ici- question d’un couple à deux…
De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Et Jésus reconnait une parfaite réciprocité des droits et des obligations homme/femme.
Que dire des couples « homosexuels » ?
Jésus n’en parle pas : pudeur divine ? réalité ignorée ?
La réponse serait-elle dans la pureté de l’enfant ? (lire les versets 13 à 16).
Pour ma part, je crois que si l’Amour véritable unit deux êtres, (quels qu’ils soient),
cet Amour rend présent le Dieu qui en est la Source…
Tout Amour serait donc sacré, puisqu’il est le tabernacle de la Présence, et tout couple, même « atypique » est parfaitement respectable.
Le reste appartient à Dieu.
J’aimerais exprimer ici mon espérance nouvelle pour la « chair » :
l’Homme et la Femme « attachés » ne sont plus deux, ils sont une seule chair…
Permettez-moi de numéroter les étapes de mon humble réflexion…
1
La « chair » est ici le « corps », la partie matérielle de l’Être.
La chair est le module nécessaire de notre vie temporelle,
la limite entre « moi » et « toi »,
le moyen indispensable de toute relation…
Jésus est clair : l’amour conjugal fusionne les époux en « une seule chair »…
tous deux ne faisant plus qu’un,
fusion amoureuse où chacun s’oublie pour exister en l’Autre,
pour se donner totalement, devant Dieu Témoin.
2
Ces mots de Jésus éclairent pour moi cette phrase du Credo :
« je crois en la résurrection de la chair« .
Le couple constituant « une seule chair » pourrait-il constituer le « véhicule commun » des deux époux pour le Salut offert en Jésus ?
Ainsi lorsque je prononce ces mots :
« … je crois à la résurrection de la chair »,
je crois en un Salut commun et indivisible avec mon Épouse, chair de ma chair devant Dieu,
chacun entraînant l’autre dans son envol vers le Père,
les « plus » de l’un compensant les « moins » de l’autre :
je dis le Credo, en pensant à mon épouse, et en confiant notre destinée commune à Jésus…
3
Et enfin, cette notion de « fusion amoureuse » éclaire pour moi le mystère de la Sainte Trinité.
Les trois Personnes Divines « fusionnées » en une seule Entité, dans un Amour parfait…
Trois Personnes tellement unies, qu’elles sont « un Seul Dieu ».
Cela nous parle-t-il de notre vocation spirituelle, après cette vie provisoire :
« fusion en Dieu » ? … (après purification ).
Nul ne sait.
Proposition de prière :
Je te rends grâce, Père infiniment bon,
Toi qui as consacré l’union de l’Homme et de la Femme,
et qui respectes l’unique chair qu’ils ont ainsi créée, éternellement !
Béni sois-tu !
Amen !
Versets 13-16 :
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement.
Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit :
« Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent.
Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »
Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Il n’est pas fortuit, aussitôt après avoir parlé d’union conjugale, de parler des enfants…
L’accueil de l’Amour se vit dans l’émerveillement et la pureté originelle, pas dans l’accumulation des plaisirs ni dans la domination des plus faibles.
Le Royaume de Dieu, univers d’Amour, appartient à ceux qui sont sans malice, à ceux qui sont aussi purs que les enfants,
qui savent encore s’émerveiller,
qui croient ce que disent les « grands »,
qui donnent sans méfiance,
qui n’ont pas d’à-priori,
qui attendent tout de la vie et représentent l’avenir de l’Homme.
Jésus montre les enfants en exemple pour les « grands » : inversion des valeurs Humaines !
Pour Jésus-visage de Dieu, ce qui est petit aux yeux des Hommes est grand dans le Ciel,
et le Royaume de Dieu appartient à ces « petits », préférés du Père.
A l’heure où les grands de ce Monde s’affrontent dans des guerres de pouvoir,
Jésus nous montre un chemin d’humilité et d’effacement, de pureté et de respect infini.
Proposition de prière :
Pardonne, Seigneur, mon regard
lorsqu’il n’est pas pur,
mon désir
lorsqu’il devient domination.
Au lieu de posséder,
apprends-moi à aimer,
dans une quotidienne humilité.
Pardonne-moi, Seigneur.
Amen !