Bouleversante trahison ! …
Évangile selon St Jean (13, 21-33. 36-38) :
En ce temps-là, au cours du repas que Jésus prenait avec ses disciples, il fut bouleversé en son esprit, et il rendit ce témoignage : « Amen, amen, je vous le dis : l’un de vous me livrera. »
C’est le dernier repas.
Dernières paroles, derniers gestes, derniers dialogues…
Jésus vient de laver les pieds de ses apôtres.
Il a lavé aussi ceux de Judas, lui qui a, dans la poche, l’argent de la trahison.
Jésus le sait, il en est bouleversé.
Jésus veut continuer à croire en l’Homme, mais le prix dérisoire de la trahison est là, dans la poche de Judas…
Pourquoi ? Comment est-ce possible ?
Jésus continue d’aimer Judas, mais ce choix de mort, le choix du péché bouleverse Jésus…
Les disciples se regardaient les uns les autres avec embarras, ne sachant pas de qui Jésus parlait. Il y avait à table, appuyé contre Jésus, l’un de ses disciples, celui que Jésus aimait. Simon-Pierre lui fait signe de demander à Jésus de qui il veut parler.
Le disciple se penche donc sur la poitrine de Jésus et lui dit : « Seigneur, qui est-ce ? » Jésus lui répond : « C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper dans le plat. » Il trempe la bouchée, et la donne à Judas, fils de Simon l’Iscariote.
Jésus donne à Judas un dernier signe d’affection, une chance de renoncer :
une bouchée tirée du plat commun, puis il le laisse libre de décider…
Et, quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui.
Judas mange la bouchée mais reste inflexible, déterminé dans son choix : il suivra l’esprit du Mal, Satan !
Si nous suivons l’esprit du Mal,
nous devenons comme Judas : Dieu sort de notre cœur,
respectant notre choix.
Jésus lui dit alors : « Ce que tu fais, fais-le vite. » Mais aucun des convives ne comprit pourquoi il lui avait dit cela. Comme Judas tenait la bourse commune, certains pensèrent que Jésus voulait lui dire d’acheter ce qu’il fallait pour la fête, ou de donner quelque chose aux pauvres. Judas prit donc la bouchée, et sortit aussitôt.
« Ce que tu fais, fais-le vite » comme s’il avait dit : « ne fait pas durer ce supplice ! «
Judas sort…
Or il faisait nuit.
Judas part et s’enfonce dans la nuit, la nuit du péché, des ténèbres humaines…
La mort l’attend, la mort et le désespoir… (il se suicidera).
Jésus le sait : il est bouleversé.
Quand il fut sorti, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs : “Là où je vais, vous ne pouvez pas aller”, je vous le dis maintenant à vous aussi. »
Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, où vas-tu ? »
Jésus lui répondit : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. »
Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! »
Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que tu m’aies renié trois fois. »
Jésus sait la peur et l’abandon de ses disciples,
bientôt,
même les meilleurs : Jean et Jacques !
Le reniement de Pierre : Jésus sait tout ça.
Pourtant, au moment où tout s’écroule, Jésus continue, inébranlable, de faire confiance au Père.
Il ne trichera pas, il restera vrai Homme,
pour nous montrer jusqu’où un Homme peut aller, dans l’Amour… !
Il restera vrai Dieu, n’imposant rien, ne contraignant personne, pardonnant tout, d’avance…
Jésus aurait pu se cacher, fuir, faire un miracle : le Diable est tout près… la tentation est bien là !
il aurait pu crier : « attendez, vous n’avez rien compris ! …«
Non !
Il nous donne à contempler le vrai visage de Dieu,
jusque dans cette mort injuste, odieuse, imposée par l’Homme.
Lui, » l’Agneau de Dieu « , innocent, sera sacrifié : il se laissera faire !
Jésus, est l’offrande de Dieu aux Hommes.
Voilà notre Dieu, son vrai visage,
fragile, vulnérable, entièrement offert, donné, bouleversé par le péché : refus de l’Homme !
Dieu mendiant notre réponse d’Amour !
Contemplons, dans la nuit des Hommes, la lumière de Dieu !