Décroissance et joie ! …
Pour comprendre ce passage de l’Évangile de Jean, je vous propose de reprendre la lecture à partir du verset 22 : (les paroles rapportées ici sont celles de Jean-Baptiste).
Versets 22-30 :
En ce temps-là, Jésus se rendit en Judée, ainsi que ses disciples ; il y séjourna avec eux, et il baptisait. Jean, quant à lui, baptisait à Aïnone, près de Salim, où l’eau était abondante. On venait là pour se faire baptiser. En effet, Jean n’avait pas encore été mis en prison.
Or, il y eut une discussion entre les disciples de Jean et un Juif au sujet des bains de purification.
Ils allèrent trouver Jean et lui dirent : « Rabbi, celui qui était avec toi de l’autre côté du Jourdain, celui à qui tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui ! »
Jean répondit : « Un homme ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel. Vous-mêmes pouvez témoigner que j’ai dit : Moi, je ne suis pas le Christ, mais j’ai été envoyé devant lui. Celui à qui l’épouse appartient, c’est l’époux ; quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. Telle est ma joie : elle est parfaite.
Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue.
J’aime beaucoup ces paroles de Jean-Baptiste sur Jésus :
elles traduisent sa grande humilité, sa volonté d’effacement, son unique désir de servir…
Jean-Baptiste est à sa juste place, et il en ressent « une joie parfaite » !
Il faudrait faire lire ce passage à tous les candidats à l’élection du Président de la République Française. Humilité et service : un beau programme !
Jean-Baptiste nous donne une leçon de décroissance joyeuse : voilà pourquoi le Monde refuse aujourd’hui l’Évangile… Il est à contre-sens ! Pourtant le Bonheur est là, sur ce chemin…
Ce texte me rappelle ma mère devant mon père : leur relation complémentaire dans l’Amour… Elle s’effaçant, lui cherchant à la rendre heureuse. C’était un couple épanoui, qui rayonnait ! Chacun pensait à l’autre.
Ça me rappelle aussi nos enfants : devenant adultes il nous ont appris à nous effacer, à nous taire devant leurs choix de vie -qui n’étaient pas les nôtres- à régler la bonne distance entre respect et accompagnement, écoute et conseil. « Diminuer pour que l’autre grandisse ! »
Ces paroles me parlent aussi de ma prière : faire taire mon ego, mon intérêt personnel. Dans le silence intérieur, offrir à Jésus une place plus grande dans mon cœur, dans ma vie… « Diminuer pour qu’il grandisse« , et m’emporte plus haut !
Et comment ne pas voir, dans cette humilité suprême, l’une des grandes caractéristiques de Jésus ?
Lorsque Jésus donne sa vie sur la croix c’est pour que l’Homme grandisse dans sa relation à Dieu, qu’il découvre l’Amour véritable qui est effacement, don de soi… Jésus a cherché à diminuer, à disparaître même, pour que l’Homme grandisse…
« Lorsque le grain de blé tombé en terre meurt, c’est pour donner du fruit « !
Le Créateur Lui-même n’a-t-il pas cessé de parler le 7e jour, après avoir constaté que son œuvre était « très bonne « ? … Dieu donne tout, puis se tait, éternellement…
« Dieu a créé l’Homme, comme la mer a créé les continents : en se retirant.« (Friedrich Hölderlin. )
Versets 31-36 :
« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous.
Celui qui est de la terre est terrestre, et il parle de façon terrestre.
Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage.
Mais celui qui reçoit son témoignage certifie par là que Dieu est vrai.
En effet, celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure.
Le Père aime le Fils et il a tout remis dans sa main.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ;
celui qui refuse de croire le Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. »
La réponse de Jean-Baptiste est empreinte d’humilité :
- « Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui.«
- « telle est ma joie (…) il faut que lui grandisse et que moi je décroisse. «
Mais sa parole est empreinte d’Ancien Testament : « la colère de Dieu demeure sur lui » : Jésus parlera plutôt de la miséricorde de Dieu, dans le Salut offert à tous…
Jésus ne cessera d’annoncer que Dieu aime les petits,
les humbles, ceux qui se font serviteurs…
Lui-même ira jusqu’à se faire obéissant,
sur la Croix,
après avoir lavé les pieds de ses apôtres,
au dernier repas,
geste habituellement réservé aux esclaves :
humilité indépassable de Dieu devant la folie Humaine…
La logique de Dieu est inaccessible aux orgueilleux.
Ce qui est « petit » sera déclaré « grand » dans le Ciel !
Jean-Baptiste est un modèle pour tous les prédicateurs, tous les témoins de la foi :
Annoncer le Christ-Messie sans en tirer de gloire…
Reconnaître que Jésus vient de Dieu, que sa Parole est vraie, car il est le Fils.
Accueillir la vie éternelle par la foi.
S’effacer… !
Voilà les dernières paroles de Jean-Baptiste avant son arrestation et son exécution.
Jean-Baptiste paiera la Vérité de son sang.
Proposition de prière :
Béni sois-tu, Jésus, Fils du Très-Haut !
La Gloire véritable est sur Toi,
et sur le Père,
dans l’Esprit.
Toi qui es Dieu,
tu as voulu prendre la dernière place.
Béni sois-tu pour les siècles des siècles !
Amen !