Tri-unité dans l’Amour…
Évangile selon St Jean (14, 21-26) :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
« Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Que faut-il faire pour plaire à Dieu ? Rien de bien compliqué…
Il suffit d’écouter et de répondre à notre nature profonde, qui est d’aimer.
En nous révélant qui est Dieu, Jésus révèle qui est l’Homme.
L’Amour est la part précieuse et éternelle de l’Homme. Le point de contact avec Dieu et avec la vie éternelle.
Nous pouvons ressentir cette vie future dès aujourd’hui, avec cette affirmation de Jésus : « je me manifesterai à lui « .
Jude – non pas Judas l’Iscariote – lui demanda : « Seigneur, que se passe-t-il ? Est-ce à nous que tu vas te manifester, et non pas au monde ? »
La question de Jude montre combien les Hommes restent limités et étriqués dans leur conception de la vie : ici et maintenant…
Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.
Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles.
Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé.
Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ;
Jésus nous demande d’entrer dans cette communion, cette fusion amoureuse entre Lui et le Père…
Il nous demande de faire en nous une demeure pour Dieu… !
L’Homme tabernacle de la Présence Divine, dans le Monde.
La clé de cette Présence (« P » majuscule), c’est l’Amour, l’Amour de Jésus, l’Amour du Père, l’Amour des Hommes.
Or l’Amour correspond bien à nos envies profondes,
car l’Amour est inscrit dans nos gènes,
l’Amour est notre besoin vital du premier souffle de vie, jusqu’au dernier : l’Homme veut aimer et être aimé…
Le commandement de Jésus est donc bien conforme à notre nature.
Nous pouvons lui obéir en toute liberté, avec beaucoup de plaisir et de joie.
Nous pouvons commencer notre « paradis » dès aujourd’hui !
Son commandement nous invite à grandir, à nous épanouir, à réaliser notre vocation profonde.
mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Cette chaîne d’Amour serait incomplète, sans l’Esprit-Saint…
Notre Dieu est unique, il est fusion amoureuse du Père, du Fils et de l’Esprit.
Nous sommes invités à rejoindre ce grand mouvement d’Amour, pour l’Éternité.
« Jésus, sacrement de Dieu »
« Nous sommes ici en face d’une sainteté suprême, unique, insurpassable, et dont une fécondité universelle peut seule exprimer la plénitude. Mais cette plénitude infinie est aussi un dépouillement infini. L’humanité du Christ ne s’appartient aucunement. À son niveau de nature créée, le « moi » est aboli. Non plus seulement comme tous mes saints le pourraient dire : » ce n’est plus moi qui vis, c’est Dieu qui vit en moi « . (…)
Jésus, en effet, est « Fils de l’Homme » avec la même ampleur qu’Il est « Fils de Dieu ». Infiniment dépouillé par cette élévation, son humanité est aussi humble qu’elle est vidée d’elle-même. (…) Sacrement vivant de Dieu, subsistant en Dieu comme dans son « moi », elle en reste infiniment distincte. Elle [son humanité] n’absorbe pas Dieu, bien que Dieu l’absorbe, elle demeure une créature dans la main de Dieu, dont le premier mouvement est l’obéissance, l’action de grâce et la démission [l'effacement absolu]: ma doctrine n’est pas ma doctrine, mes œuvres ne sont pas mes œuvres : c’est Dieu qui est Moi ! Elle [son humanité] n’a rien, elle est libre de tout, c’est pourquoi elle est sans frontière, universelle, catholique. La pauvreté divine et la pauvreté humaine, enfin, se rencontrent [en Jésus vrai Homme et vrai Dieu]. (…)
En l’humanité de Jésus l’aimantation divine est totale (…), avec une plénitude qui n’est plus susceptible d’accroissement. En elle, le règne de Dieu est parfaitement accompli et il habite parmi nous (…)
C’est cela le génie de l’Évangile, c’est cela le don merveilleux de Jésus-Christ, de nous révéler simultanément Dieu et l’Homme, de nous donner ensemble l’Homme et Dieu. Jamais nous n’aurions pu parvenir jusqu’à nous-mêmes (…) si Jésus ne nous avait pas révélé et rendu présent dans sa Personne le Dieu Trinitaire, le Dieu dépouillé, le Dieu qui n’a rien, le Dieu qui donne tout, le Dieu qui est une éternelle respiration d’Amour, le Dieu qui est Dieu parce qu’il n’a rien, le Dieu qui n’a contact avec soi-même qu’en se communicant dans la respiration du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (…)
En Jésus-Christ l’Homme est devenu présent à Dieu comme Dieu est devenu présent à l’Homme. C’est un mystère que l’âme humaine n’épuisera jamais, c’est une direction dans laquelle l’âme pourra s’acheminer. En Jésus-Christ, l’Humanité est devenue présente à Dieu. »
(P. Maurice Zundel : « À l’écoute du silence » p 69 à 71)