« Retournement », cela veut dire qu’on lâche un vieux lot d’attitudes pour en prendre de nouvelles. La lettre de St Paul aux Éphésiens (4, 17-24) va nous éclairer :
« Frères, je vous dis, je vous adjure dans le Seigneur, de ne plus vous conduire comme des païens, avec leur esprit frivole, et leurs pensées enténébrées. Ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu, parce que l’ignorance a provoqué chez eux un endurcissement du cœur. Leur sens moral émoussé, ils se sont abandonnés à la débauche, au point de se livrer frénétiquement à toutes sortes d’impuretés.
Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si c’est bien lui qu’on vous a prêché ! A savoir : il faut, renonçant à votre ancienne manière de vivre, vous débarrasser du vieil homme qui va se corrompant au fil de ses décevantes convoitises. Il faut, par une transformation spirituelle, remettre à neuf votre manière de penser, et revêtir l’Homme nouveau créé à l’image de Dieu, dans une justice et une sainteté vraies.
Je vous vois sourire et je vous entends protester… Bon, changez quelques mots, mais allez au fond, à la conversion. C’est tout de même vrai que nous vivons dans des pensées frivoles et encore plus souvent dans des pensées négatives. Et n’avons-nous pas accepté insensiblement le confort, c’est à dire ce qu’il y a de plus efficace, actuellement, pour faire d’un Chrétien un païen ? Sommes-nous toujours très honnêtes ? Nous servons-nous du mensonge, de l’hypocrisie ? Il nous arrive peut-être d’être mesquins, peu fraternels, près de nos sous ? Et dans tout ça, nous voudrions faire fleurir de la belle prière ?
- Mais la prière, c’est justement pour nous sortir de là ! … à condition de vouloir en sortir. Notre prière est vraiment liée à notre volonté de rejet du vieil Homme et à notre souci de vivre comme le Christ. La bonne terre de la prière (Matthieu 13, 4-24), c’est la conversion profonde du cœur. Il n’y a de prière honnête que lorsqu’on est décidé à passer de la vie païenne à la vie dans l’Esprit.
Il ne s’agit donc pas de délimiter dans les territoires de notre vie un domaine très spécial appelé « vie spirituelle » où se jouerait le jeu du vieil Homme et celui de l’Homme nouveau. C’est dans toute notre vie qu’il y a du vieil Homme à chasser et le Christ à suivre. (…)
Nous n’avons qu’une vie qui doit être tout entière travaillée par l’Esprit. L’Homme, en s’éveillant à lui, s’éveille à Dieu. Il faut constamment demander ce double éveil à l’Esprit : être de plus en plus conscient de ce qu’on est, de ce qu’on fait, et être de plus en plus conscient de la Présence de Dieu à nos côtés. » Je suis réellement là, Dieu est réellement là. » Nous vivons trop loin de nous-mêmes et loin de Dieu, dans des zones de fuite, de lourdeurs, de distractions. Prier sans cesse, cela veut dire rester le plus possible éveillé à la Présence. Sans l’Esprit, la vie nous endort.
Jésus a toujours marqué une grande sympathie pour les veilleurs infatigables. Il savait que la vie est endormeuse. A Gethsémani, Jésus n’a autour de Lui que des somnolents, des corps appesantis par la tristesse, par les évènements trop difficiles à comprendre.
Nous aussi, nous sommes souvent lourds, ensommeillés, enténébrés. Nous essayons de nous en sortir selon notre tempérament : l’action, la prière, les distractions… Il faut aller plus profond. Dans notre esprit de conversion, atteindre les profondeurs du cœur où l’on s’éveille à Dieu, où l’on se reçoit de Dieu et d’où l’on peut faire jaillir des activités dignes d’un Homme.«
Extraits de « 30 minutes pour Dieu ».
André Sève.
Ed Le Centurion.
André Sève né le 10 février 1913 à Crest
et mort le 20 mai 2001 à Albertville,
est un religieux assomptionniste.
Le Père Sève est connu comme auteur de livres spirituels.
Il est aussi un scénariste de bande dessinée,
notamment sous les pseudonymes de Jean Quimper,
André Divajeu ou Marie-Paul Sève.
(Source Wikipédia)