Marthe, Marie et Lazare : résurrection ? …
Saintes Marthe, Marie et Saint Lazare ou 5e dimanche de carême
Ce passage d’Évangile est capital pour notre foi,
et notre foi est capitale pour lire ce texte magnifique,
proposé par la Liturgie au dernier dimanche avant Pâques.
Je vous en livre la version intégrale…
Versets 1-18 :
En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t‑il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! » Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »
À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –
Notons les mots de Jésus au sujet du « sommeil » de Lazare.
Mais la précision de l’Évangéliste ne laisse aucun doute sur la réalité de la mort de Lazare.
Versets 19-27 :
beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »
Devant la mort, la puissance de foi de Marthe est un bouleversant exemple pour le lecteur.
Marthe qui la semaine dernière s’affairait dans sa cuisine pour recevoir Jésus,
Marthe en colère contre sa sœur installée aux pieds de Jésus pour l’écouter, (Luc 10, 38-42)
Marthe a tout compris, a tout entendu, a tout reçu dans son cœur,
car tout en faisant le service, elle savait écouter !
Ainsi Marthe « l’énervée », »l’activiste débordée »
a en elle une conviction inébranlable sur la Personne de Jésus :
elle a su pénétrer le Mystère,
et sa grande foi, la pousse à l’action et au témoignage.
C’est sur cette foi bouleversante que Jésus pourra s’appuyer
pour donner un signe de sa puissance divine : ressusciter Lazare !
Versets 28-45 :
Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! » Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. »
Jésus, tout doucement, relève Marthe de sa nuit de désespoir.
« Progressivement, Marthe revient à la confiance, cet état où tout redevient possible.«
(M-L Durand. Bibliste pour » Prions en Église »)
On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. »
Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
Extrait de la prière eucharistique,
préface du 5e dimanche de carême, année A :
» [Jésus] lui-même, Homme véritable, a pleuré son ami Lazare ;
Dieu éternel, il le releva du tombeau ;
ainsi, dans sa compassion pour le genre humain,
il nous conduit par les sacrements de Pâques jusqu’à la vie nouvelle « (…)
La foi de Marie butte devant la mort : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort ».
La foi de Marthe va au-delà : » …Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera ».
Quelle est notre foi, face à la mort ?
Ce texte est magnifique de détails, qui sonnent vrai :
- la peur des disciples de retourner en territoire dangereux : « les juifs là-bas cherchaient à te lapider, et tu y retournes ?«
- La mort bien réelle de Lazare : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. »
- Le détail sur les distances (« une demi-heure de marche environ« ),
- détail sur les circonstances (« beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie…« )
- détail sur Jésus (« Alors Jésus se mit à pleurer« ) qui pleure sur la détresse humaine face à la mort (?).
Les personnages aussi sont décrits magnifiquement :
- Marthe, « la maîtresse de maison, qui va au-devant des gens et des situations, qui dit ce qu’il y a à dire et fait ce qu’il y a à faire avec une totale confiance en la vie et en Jésus » (K. Bustica pour « Prions en Église »).
Marthe dont la foi parait indestructible : « Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera« .
Marthe dotée d’une énergie étonnante, toujours dans l’action : « elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : le Maître est là, il t’appelle.«
- Marie la contemplative, celle qui restait à écouter Jésus au lieu d’aider au service de la table. Marie restée à pleurer à la maison. Marie qui a la foi, mais plus d’espérance : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.«
- la foule d’amis « venus réconforter« , « pensant que Marie part au tombeau pour y pleurer », la foule d’amis qui pleurent avec elle, qui font des commentaires à voix basse (« voyez comme il l’aimait« ), qui suivent et qui voient, puis finissent par croire en Jésus…
Même l’émotion de Jésus,
décrite à plusieurs endroits,
est touchante.
C’est l’émotion même de Dieu devant la mort de l’Homme,
alors que l’Homme a été créé pour la vie !
La mort, œuvre du Destructeur…
L’Amour et la vie œuvre du Créateur.
Ce texte où la mort plane (celle de Lazare, celle de Jésus… ), ce texte où la résurrection triomphe !
Ce texte qui fait du bien, avant d’affronter la semaine sainte et la Passion du Christ.
Ce texte si riche qu’on ne sait où porter le regard…
Ce texte ouvre notre espérance en une vie éternelle, au-delà de la mort, à la suite du Christ Jésus !
Proposition de prière :
Oui Seigneur Jésus,
je crois que tu es la résurrection et la vie,
que celui qui croit en Toi, même s’il meurt, vivra,
que quiconque vit et croit en Toi ne mourra jamais.
Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, le Messie.
Amen !