Il frappe à la porte de votre cœur…
Versets 32-34 :
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume.
Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
L’attachement aux biens matériels est un handicap pour l’Homme. Jésus l’a souvent répété.
Les biens matériels sont éphémères (la mite), décevants (usure, pannes…), menacés (le voleur)…
Ils rendent esclaves, accaparent, détournent.
Le Chrétien doit donner priorité aux richesses spirituelles : son objectif premier, c’est le Royaume, la vie auprès de Dieu !
Jésus conseille un détachement radical : tout vendre, et tout donner ! Certains ont vraiment suivi ce chemin de vie, attestant le niveau élevé de leur foi. Certains suivent encore aujourd’hui ce chemin de désencombrement absolu : choix exemplaire d’engagement total, souvent dans un cadre communautaire.
Jésus donne la pointe mortelle de son avertissement : sauver au moins son cœur, son Amour, de l’attachement matérialiste, utiliser les biens matériels au service du bien, au service de l’Autre…
« L’argent est bon serviteur, mais mauvais maître… » dit le proverbe.
il y a donc une question de dosage, de finalité, d’estime et d’objectif.
Quel est le trésor de notre vie ?
Versets 35-38 :
Jésus disait à ses disciples :
« Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées.
Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces,
pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte.
Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller.
Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins,
les fera prendre place à table et passera pour les servir.
S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils !
La » lampe allumée » c’est la flamme de l’espérance,
alimentée par la foi, la confiance dans la Parole du Christ Jésus :
promesse d’une autre vie, d’une joie éternelle, d’un rassemblement de fête,
des retrouvailles avec toux ceux qu’on a aimés.
Voilà des paroles de Jésus qui seront éclairées après l’Ascension, lorsque les apôtres seront confrontés à l’absence du Maître…
La joie de la Résurrection les maintient en éveil : ils « attendent » la suite, car le Christ semble bien parti, et la jeune communauté est dans la nuit…
On pensait la fin du monde toute proche, la résurrection des morts et le retour de Jésus dans la gloire imminent…
« Est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? » : rêve de pouvoir, rêve de revanche…
Jésus ne répond pas.
« Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine…«
Les années passent, arrivent les persécutions, et le Christ tarde à revenir.
C’est la nuit, et la peur des hommes…
Il faudra du temps aux apôtres pour convertir leur attente, pour découvrir la nouvelle forme de Présence du Christ : présence intérieure !
Il faut parfois une vie.
Il faudra allumer sa lampe, s’ouvrir davantage à l’Esprit-Saint et se rappeler les dernières paroles de Jésus pour recevoir la force et le courage de se remettre « en tenue de service « , et de partir enfin annoncer l’Évangile!
Il faudra « vivre » l’Eucharistie en vérité, communier à la Présence silencieuse, et faire grandir la communion fraternelle, comme les deux bras de la Croix : dimension verticale de la prière, dimension horizontale de l’Église naissante, animée par l’Esprit !
« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux « (Matthieu 18, 20)
» Heureux les serviteurs que le Maître trouvera en train de veiller « ,
veiller à maintenir la flamme de l’Amour, de la justice, du partage…
Versets 39-40 :
Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.
Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra. »
La Rencontre avec le Christ est toujours quelque chose d’inattendu, d’imprévisible.
Tous ceux qui ont vécu une telle rencontre vous le diront :
il y a l’avant et l’après… !
La vie s’en trouve chamboulée, le souvenir jamais ne s’effacera.
Jésus revient…
- il reviendra à la fin des temps, comme le Messie doit revenir dans sa gloire, accompagné d’une armée d’anges, tambours et trompettes ! Mais ce n’est pas pour tout de suite…
- il reviendra à la fin de notre vie, Jésus sera là pour nous accueillir et nous récompenser d’une vie d’efforts et d’amour…La « venue du Fils de l’Homme », c’est aussi cette rencontre finale, après la vie provisoire : il faut se tenir prêt, se préparer à la nouvelle vie, d’autant plus que nous sommes avertis, instruits, envoyés.
Attention à l’attitude passive du « on verra bien » :
Jésus attend quelque chose de nous…
- il revient à chaque instant de notre vie, de notre journée. Il nous interpelle sous les traits du pauvre, du petit, du faible : « donne-moi à boire… donne-moi à manger… viens me visiter…«
Sous les traits d’un homme qui tend la main, d’une femme qui appelle, d’un être qui pleure… Jésus est tout près : sachons le reconnaître, et le servir !
« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait…«
Il faut nous tenir prêts, en éveil, attentifs au moindre signe…
La Mission reçue par tout disciple, en « l’absence du Maître », c’est :
- annoncer la Parole,
- la mettre en œuvre dans notre quotidien,
- rester en état de veille dans l’Espérance et la prière…
Jésus ne cesse de venir, mais on ne peut le voir avec nos sens…
il frappe à la porte de notre cœur : il est toujours déjà là !
Il est cette petite voix intérieure qui nous conseille et nous guide…
Il est cette force qui nous permet d’agir au service du Royaume,
qui nous envoie vers les plus pauvres…
Il est Celui qui nous écoute et nous accompagne,
il est Celui qui se donne dans les sacrements,
il est Celui que l’Église révèle et proclame à toutes les Nations.
Jésus est là !
Le croyons-nous ?
Versets 41-48 :
Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens.
Mais si le serviteur se dit en lui-même : “Mon maître tarde à venir”, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles.
Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre.
À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »
Pierre aimerait bien se dédouaner de ces paroles, être exempté…
Mais Jésus va aller plus loin que la maison pillée par surprise, la nuit…
Il ne suffit pas d’être sur ses gardes, passivement, en attendant le retour du Maître,
même l’intendant a la charge de nourrir le personnel…
Voilà la réponse à la question de Pierre : les apôtres ont suivi et entendu le Maître durant toute sa vie, ils ont énormément reçu : leur responsabilité est grande ! …
… Comme la nôtre, disciples du XXIe siècle :
nous avons accès à l’Évangile, à l’enseignement de l’Église,
nous avons reçu les sacrements (baptême, eucharistie, confirmation, pardon, mariage…)
nous avons la charge de tous pour partager la nourriture spirituelle reçue du Christ et pour servir les plus faibles… « la charge du personnel pour distribuer la ration de nourriture« ,
nous sommes serviteurs du corps et de l’âme, à charge de tous ceux qui nous entourent.
Ceux qui seront trouvés passifs, dans l’opulence, la violence, la débauche ou la paresse, source de scandales,
seront écartés…
En attendant, il faut veiller et servir…
Nous sommes prévenus, nous savons : notre responsabilité est entière !
Il nous sera beaucoup réclamé…
Proposition de prière :
Seigneur,
aide-moi à sentir ta Présence,
à entendre ton appel,
à répondre de tout mon cœur.
Amen !