Pardonner ? Pas facile…
Pardonner :
envisager le droit de l’autre à l’erreur ?
se reconnaître soi-même imparfait ?
oser un geste, un mot, une parole
que l’autre désire depuis si longtemps ?
Évangile selon St Matthieu (18, 21-35) :
En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois.
Pierre demande à Jésus une réglementation, une procédure…
« …combien de fois dois-je lui pardonner ? «
Pierre a tort, car il compte…
Pierre a tort, car l’Amour est infini.
Sept, c’est le chiffre de la complétude, de la plénitude :
- les sept jours de la création,
- les 7 jours de la semaine,
- le chandelier à 7 branches…
70 fois 7 fois, c’est l’infini… c’est Dieu !
Ainsi, Jésus nous demande de TOUJOURS pardonner,
autant de fois que Dieu nous pardonne, c’est à dire indéfiniment !
Pas facile !
Pardonner la guerre ?
Pardonner la trahison d’un(e) conjoint ?
Pardonner celui (celle) qui s’en prend à mon enfant ?
Pardonner celui (celle) qui a gâché toute ma vie ?
Le pardon n’est pas l’oubli.
Le pardon n’est pas la justice des Hommes… mais la rancune et la colère sont des boulets que l’on traîne, des semences de haine : poison mortel !
Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.
Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.
Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !” Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé.
Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »
Chapitre 19, verset 1 :
Lorsque Jésus eut terminé ce discours, il s’éloigna de la Galilée et se rendit dans le territoire de la Judée, au-delà du Jourdain.
L’Homme est ce serviteur incapable de rembourser sa dette à son roi, à son Dieu,
car « l’avance » reçue de Dieu est infinie !
Mais Dieu est un bon roi qui annule notre dette, qui efface notre péché…
Le Pardon de Dieu est bien plus grand que le plus grand des péchés !
Qu’est-ce que j’ai reçu de Dieu ? TOUT.
J’ai reçu la vie, et l’espérance de partager celle de Dieu, dans l’éternité.
J’ai reçu un corps, un esprit, merveille au sein de la Création,
et puis une famille, de l’Amour, la foi,
la liberté (du moins en France, pays favorisé).
J’ai reçu Jésus, don ineffable du Père, et l’Évangile, Parole de Dieu.
J’ai reçu le pardon de mes fautes…
J’ai tout reçu de Dieu !
Comment pourrais-je te rendre, Seigneur, autant que j’ai reçu ?
Tous les matins, Seigneur, je veux te louer et te rendre grâce !
L’Homme est parfois ce serviteur mauvais, qui s’acharne dans la rancune et le désir de vengeance :
pour avoir raison ? Par volonté de dominer ? …
La rancune : germe de la haine, source de la guerre !
Se faire pardonner : faire la vérité en soi ? Reconnaître son tort ? Vouloir un nouveau départ, une libération…
Le Pardon reçu est le chemin de croissance, qui conduit l’Homme à Dieu…
Le pardon est une libération pour celui (celle) qui le donne,
une remise debout pour celui (celle) qui le reçoit.
Par où commencer ? par la prière. Présenter notre souffrance à Jésus, lui dire notre difficulté à pardonner, lui demander son aide sans en préciser la manière (Lui sait mieux que nous), dans une confiance totale, lui laisser le temps en se tenant prêt…
Lui qui a pardonné l’impardonnable, sur la Croix, saura trouver l’occasion favorable…
Prenons le temps de faire silence, devant la Croix peut-être ? …
Proposition de prière quand on n’arrive pas à pardonner :
Seigneur,
J’ai subi un outrage, tu le sais.
J’ai en moi une souffrance impossible à pardonner,
des images, des paroles impossibles à oublier…
J’ai en moi un désir de justice, de revanche,
de vengeance ! …
Je suis tourmenté.
Mon âme ne connait pas de repos.
Jour et nuit, cette pensée m’obsède.
Tout ça, je le dépose au pied de la Croix…
Aide-moi à retrouver la paix…
Seigneur, apprends-moi !
Amen !