L’évangéliste Matthieu,
dans son désir de démontrer la concordance entre la vie du Christ et l’Écriture,
a repris plusieurs passages de ce psaume dans son récit de la Passion de Jésus.
02 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis.
Le premier stique de ce verset 2
a été mis par Matthieu (Matthieu 27, 46) et Marc (Marc 15, 34)
dans la bouche de Jésus sur la Croix,
ce qui peut surprendre le lecteur attentif,
au regard de la grande intimité
et de l’indestructible confiance de Jésus en son Père !
Rappelons-nous que ces deux évangélistes n’étaient pas au pied de la Croix…
Par ailleurs, ni Luc, ni Jean n’ont repris ces paroles.
03 Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ;
même la nuit, je n’ai pas de repos.
Verset 3 : La souffrance de l’auteur semble provenir d’un sentiment d’éloignement,
du « silence » de Dieu.
Mais le psalmiste continue à appeler Dieu : « Mon Dieu« .
Il le garde dans son cœur, ne le rejette pas :
l’union avec Dieu n’est pas niée dans sa souffrance.
04 Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël !
05 C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais.
06 Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ;
en toi ils espéraient et n’étaient pas déçus.
Les versets 4 à 6 font mémoire de l’histoire du peuple Hébreu.
Au verbe « espérer » cité 3 fois, répondent les actions de Dieu :
« tu les délivrais« , « ils échappaient« , et « ils n’étaient pas déçus« .
Malheureusement, les hauts faits de Yahvé semblent appartenir au passé,
et Dieu maintenant semble agir différemment.
07 Et moi, je suis un ver, pas un homme,
raillé par les gens, rejeté par le peuple.
Versets 7 à 9 : celui qui prie expose sa situation désespérée :
il est fragile, sans défenses et en proie à une hostilité généralisée.
08 Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
09 « Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Ce verset 9 a été repris par Matthieu (Matthieu 27, 43).
10 C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère,
qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
11 A toi je fus confié dès ma naissance ;
dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
12 Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
13 Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
14 Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Les « fauves« , les « taureaux » et les « lions » symbolisent l’esprit du mal.
15 Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent.
Mon cœur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
16 Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.
Tu me mènes à la poussière de la mort.
17 Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
Les versets 17 à 19 prophétisent la crucifixion de Jésus
(« ils me percent les mains et les pieds« ),
la foule qui regarde (« ces gens me voient, ils me regardent »)
et le partage du manteau du Christ, tiré au sort.
18 je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent.
19 Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
20 Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
21 Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
22 sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles.
Tu m’as répondu !
»L’espoir » n’est pas » l’espérance ».
L’espérance est plus forte que tout, elle est d’origine divine.
23 Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
24 Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le,
vous tous, descendants de Jacob,
vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.
25 Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ;
il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
26 Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »
Les « pauvres » et « ceux qui cherchent Dieu » sont les mêmes personnes :
il s’agit aussi de pauvreté intérieure, (tout attendre de Dieu).
28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29 « Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
L’action de grâce s’ouvre à « la terre entière » puis à « toutes les nations«
30 Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ;
promis à la mort, ils plient en sa présence.
31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
L’action de grâce s’ouvre à la « descendance » et aux « générations à venir « .
32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !
A la lumière de ce psaume,
nous pouvons relire les évènements douloureux de notre vie,
mais aussi compatir avec tous ceux (celles) qui souffrent de par le monde,
et déposer tout ça aux pieds du Christ Jésus, dans la confiance et l’abandon…
Jésus a toujours lutté contre la souffrance : elle n’est donc pas voulue par Dieu.
Face au mystère du Mal, Jésus, vrai visage du Père, s’est révélé victime, sur la Croix.