Ce psaume exprime la plus profonde détresse humaine.
Les accusations d’indifférence (V 6 : » ceux dont tu n’as plus souvenir « )
d’éloignement ( » loin de ta main « ),
de culpabilité (V 7 : » tu m’as mis « ), (V 8 : » ta colère m’écrase « ,
« tu déverses tes flots contre moi « ),
de mise à l’écart (V 9 : » tu éloignes mes amis « , » tu m’as rendu abominable « )
sont foncièrement injustes et blasphématoires…
02 Seigneur, mon Dieu et mon salut,
dans cette nuit où je crie en ta présence,
03 que ma prière parvienne jusqu’à toi,
ouvre l’oreille à ma plainte.
04 Car mon âme est rassasiée de malheur,
ma vie est au bord de l’abîme ;
05 on me voit déjà descendre à la fosse,
je suis comme un homme fini.
06 Ma place est parmi les morts,
avec ceux que l’on a tués, enterrés,
ceux dont tu n’as plus souvenir,
qui sont exclus, et loin de ta main.
07 Tu m’as mis au plus profond de la fosse,
en des lieux engloutis, ténébreux ;
08 le poids de ta colère m’écrase,
tu déverses tes flots contre moi.
09 Tu éloignes de moi mes amis,
tu m’as rendu abominable pour eux ;
enfermé, je n’ai pas d’issue :
V 10 : l’auteur reconnait son manque de clairvoyance ( » mes yeux s’éteignent « )
au coeur de sa souffrance.
10 à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.
Je t’appelle, Seigneur, tout le jour, je tends les mains vers toi :
Versets 11 à 13 : Dans une pure mentalité sémite,
l’auteur argumente pour convaincre Dieu d’agir en sa faveur…
11 fais-tu des miracles pour les morts ?
leur ombre se dresse-t-elle pour t’acclamer ?
12 Qui parlera de ton amour dans la tombe,
de ta fidélité au royaume de la mort ?
13 Connaît-on dans les ténèbres tes miracles,
et ta justice, au pays de l’oubli ?
14 Moi, je crie vers toi, Seigneur ;
dès le matin, ma prière te cherche :
15 pourquoi me rejeter, Seigneur,
pourquoi me cacher ta face ?
16 Malheureux, frappé à mort depuis l’enfance,
je n’en peux plus d’endurer tes fléaux ;
Le reproche envers Dieu persiste dans la bouche du psalmiste
( » tes fléaux « , » tes orages « , » tes effrois « ),
il se terminera dans « la ténèbre« ,
nuit humaine loin de la lumière de Dieu.
17 sur moi, ont déferlé tes orages :
tes effrois m’ont réduit au silence.
18 Ils me cernent comme l’eau tout le jour,
ensemble ils se referment sur moi.
19 Tu éloignes de moi amis et familiers ;
ma compagne, c’est la ténèbre.
Ce psaume difficile est l’un des plus sombres.
Il est très « humain » d’accuser Dieu de nos souffrances… très injuste aussi !
Mais dans cette complainte, dans ces mots adressés à Dieu,
même dans ces reproches injustes, la foi demeure :
foi en l’existence de Dieu, foi en sa Présence, foi en son écoute.
Dieu peut tout entendre, tout recevoir, tout pardonner.
Ouvrons-lui notre cœur, en Vérité.