Évangile selon St Luc (20, 27-40)
Versets 27-38 :
En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent :
« Maître, Moïse nous a prescrit : Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.
Or, il y avait sept frères :
le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants.
Finalement la femme mourut aussi.
Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »
Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.
Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »
Versets 39-40 :
Alors certains scribes prirent la parole pour dire : » maître, tu as bien parlé. » Et ils n’osaient plus l’interroger sur quoi que ce soit.
Comme les Sadducéens, aujourd’hui encore, beaucoup de nos contemporains (même des Chrétiens) disent ne pas croire en une Vie après la vie ! …
… et tous vivent comme si la mort ne les concernait pas :
on prend des risques sur la route, on fuit les vieux, on fume, on boit trop, on se surmène, on évite le médecin.
- La mort ? Connais pas ! C’est pour plus tard ! La mort, on n’y croit pas. La résurrection non-plus.
Dans les Ehpad,
les octogénaires continuent à ne pas croire à la mort…
Ils rêvent la visite d’un mari, décédé depuis 10 ans,
ils attendent la visite de leur mère, devant la porte,
Ils répètent qu’ils vont bientôt retourner chez eux,
ils refusent de croire leur âge…
et la mort d’un résident est soigneusement cachée,
on n’en parle pas, on « évacue » le corps discrètement…
La mort : tabou du XXIe siècle.
Oui, l’Homme est fait pour la vie, la mort est entrée par effraction,
par le refus de Dieu.
Jésus nous dit que « ne pas croire en la résurrection des morts, [c'est] méconnaître les écritures et la puissance de Dieu »… (Marc 12, 24)
Si Dieu a créé l’Univers, si grand et si beau, s’il a fait la matière, la lumière, le temps, le mouvement, la chaleur et la croissance, tout n’est-il pas possible pour Lui ?
Si Dieu a fixé les étoiles et les galaxies et les trous noirs,
s’il a créé la vie sur Terre, dans les airs et dans la mer,
avec profusion de beauté, de diversité et de renouvellement au fil de milliards d’années,
alors, tout n’est-il pas possible à Dieu ?
La vie donnée aux Hommes serait-elle une chimère trompeuse destinée à disparaître un jour ? Un caprice divin ? Une bulle de savon ?
NON ! Nous avons en nous la conviction que notre vie a une grande valeur. Nous constatons que l’Histoire Humaine a un sens, un début, une évolution… que l’Univers est organisé, pensé… que la vie sur terre ne peut venir du hasard…
Quel sens aurait la Création, l’Histoire des Hommes et la Passion du Christ, si tout ça s’arrêtait à la mort ? Tout ça pour rien ?
…et notre conscience d’exister, de vivre, d’aimer ? Tout ça pour rien ?
La prière, dialogue avec Dieu, la Présence ineffable dans l’Eucharistie ?
La foi nous donne l’intuition que nous sommes appelés à plus grand, autrement… et Jésus nous l’a confirmé !
« Il est de la nature de l’Homme de dépasser sa nature
et de dépasser toutes les natures et tout l’univers.
L’Homme est un singe qui s’aperçoit qu’il n’en est plus un,
et prend distance à l’égard de sa biologie et de son Humanité,
en révélant son âme.
Qu’est-ce que l’âme en nous sinon une puissance de dépassement ? «
(M. Zundel)
Jésus nous parle d’un Dieu proche de l’Homme, passionné, investi.
Jésus donne des signes confirmant sa Parole : il redonne la vie à Lazare, il met en jeu sa propre vie, sur la Croix, et il se montre aux disciples, le troisième jour après sa mort, ressuscité et vivant ! …
Que demander de plus pour croire ?
L’Histoire est-elle trop belle ? Le don de Dieu trop grand ?
Toute la Bible nous parle d’un Dieu qui recherche l’Homme, depuis le début : « Adam où es-tu ? », d’un Dieu qui s’engage et respecte sa Parole, d’un Dieu partenaire qui accompagne son peuple Israël partout, tout le temps…
Tout ça pour rien ?
Jésus révèlera un Dieu-Père, un Dieu-Amour et Pardon, un Dieu-offert et vulnérable, dépendant de la réponse de l’Homme, un Dieu à genoux devant ses apôtres au lavement des pieds…
Dieu se donnerait tellement de mal, pour nous abandonner ensuite à la mort ? Ça n’aurait aucun sens.
Ce qui est inimaginable, c’est qu’un Dieu si grand et si puissant s’intéresse passionnément à chacun et chacune d’entre nous, (avec une préférence pour les plus petits) !
La Bible c’est Dieu qui recherche l’Homme, et l’Homme ne le sait pas…
Ce qui est inimaginable, c’est Dieu sur la Croix : l’Amour rejeté meurt sans se venger…
Ce qui est formidable, c’est que Dieu soit Amour ! qu’il réponde ainsi pleinement à la soif d’absolu de l’Homme, tout en respectant sa liberté…
La recherche, la grande soif de l’Homme : c’est Dieu !
Mais l’Homme ne le sait pas… pas toujours.
Pourquoi nous méfier de Dieu ? Orgueil démesuré de la Créature qui rejette son Créateur…
Jésus a dit : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ;
et tout homme qui vit et croit en moi ne mourra jamais.« (Jean 11, 25-26)
Que demander de plus pour enfin croire ? …
Dans la foi, nous savons qu’une vie nous attend après celle-ci, une vie auprès de Dieu…
… et que la mort ne vient pas de Dieu, mais de l’Ennemi…
Concernant la fable de cette » femme qui connut sept maris « ,
Jésus nous fait comprendre que la vie auprès du Père n’est en aucun point comparable à notre vie actuelle.
Comment en effet,
imaginer la vie dématérialisée,
la vie dans l’Esprit, au-delà du temps, et de l’espace ?
Comment imaginer la Rencontre,
face à face, avec Dieu-Trinité,
avec tous nos chers disparus, dans la joie des retrouvailles éternelles ?
Il nous faut donc accepter de ne pas tout comprendre…
tout en gardant la foi dans les Paroles de Jésus,
et dans sa propre résurrection, prémice de la nôtre à sa suite…
« Matière / esprit : ce sont les deux aspects de notre être. Nous sommes cette matière en état de dépassement, cette matière qui veut absolument aller au-delà d’elle-même et au-delà de tout. C’est dans ce creux qui se forme, en nous distançant de notre animalité, que le visage de Dieu se dessine.« (M. Zundel)
C’est dans cette recherche de croissance (*), d’assomption, de sainteté que nous pouvons effleurer le rêve d’une vie supérieure, éternelle, auprès de Dieu. L’Amour en est la clé, l’Amour est l’avenir de l’Homme.
(*) » croissance »… de notre Être !
(rien à voir avec la « croissance économique » : idéal matérialiste de l’ère industrielle,
« idole chimérique » qui a justifié et justifie encore tous les excès, toutes les erreurs,
tous les gaspillages, toutes les destructions… et tant de sacrifices humains :
esclavage, chômage, guerres et pauvreté ! )
La « croissance économique » est la plus grande erreur de notre temps.
Saint Jean nous parle de cette Rencontre finale avec Dieu :
« nous serons semblables [à Dieu], parce que nous le verrons tel qu’il est.« (Jean 3, 2)
C’est là notre espérance.
Proposition de prière :
Béni sois-tu, ô Dieu d’Amour, Père infiniment bon,
Toi qui donnes la vie en abondance et ne la reprends pas.
Un jour, je contemplerai ta face
et tu sècheras toutes mes larmes,
tu guériras toutes mes blessures,
tu effaceras toutes mes fautes.
Te contempler,
Toi la source de toute beauté,
sera alors ma joie pour l’Éternité.
Béni sois-tu, ô Dieu d’Amour, Père infiniment bon,
Toi qui veux me sauver.
Amen !