Notre relation à Dieu est-elle toujours désintéressée, gratuite ?
Posons-nous des conditions dans nos prières : « Si tu m’exauces… » ?
Évangile selon St Matthieu (20, 17-28)
Versets 17-19 :
En ce temps-là, Jésus, montant à Jérusalem, prit à part les Douze disciples et, en chemin, il leur dit : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes, ils le condamneront à mort et le livreront aux nations païennes pour qu’elles se moquent de lui, le flagellent et le crucifient ; le troisième jour, il ressuscitera.
On ne peut pas être plus clair : Jésus ne sera pas le libérateur politique attendu.
Pierre qui offrait sa force de protection à Jésus s’est fait traiter de Satan (Matthieu 16, 21-23).
L’épouse de Zébédée est bien plus maline…
Versets 20-23 :
Alors, la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils Jacques et Jean, et elle se prosterna pour lui faire une demande.
Jésus lui dit : » Que veux-tu ? «
Elle répondit : » Ordonne que mes deux fils que voici siègent, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton Royaume.
La mère de Jacques et Jean s’inquiète pour ses deux garçons… Elle pose des jalons pour leur avenir. Réaction très (trop ?) humaine…
Jésus répondit : » Vous ne savez pas ce que vous demandez. pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? «
Ils lui disent : « nous le pouvons ».
« Soit », leur dit-il, « vous boirez ma coupe ; quant à siéger à ma droite et à ma gauche, il ne m’appartient pas d’accorder cela, il y a ceux pour qui cela est préparé par mon Père.
La mère de Jacques et Jean demande une reconnaissance, une garantie sur l’avenir !
Les scribes et les pharisiens demandaient des preuves : » Nous voulons voir un signe de toi « (Matthieu 12, 38).
Pierre aussi avait demandé une contrepartie : »voici que nous avons tout quitté pour te suivre… quelle sera notre part ? « (Matthieu 19, 27).
Tous en sont au même point, car la marche de Jésus n’en finit pas, le suivre est » coûteux « , et les Hommes s’interrogent : » qu’est-ce qu’on va gagner ? et quand ça va se terminer ? et cette royauté en Israël, est-ce bien dans les projets de Jésus ? … »
Luttes de pouvoir et d’influence, recherche de gloire et de réussite, l’Homme est ainsi…
Même en Église, les rôles servent parfois les ambitions individuelles :
Pouvoir de la chorale et de son chef de chœur,
pouvoir des clés et du contrôle des accès,
pouvoir de l’organiste, du trésorier, des associations paroissiales…
Autant de contre-pouvoirs au Curé, autant de contre-témoignages à la fraternité Évangélique.
L’Homme calcule le rapport « investissement / bénéfice « .
Dieu ne calcule pas. Tout est donné :
Dieu s’engage dans l’Histoire des Hommes gratuitement, sans aucune exigence.
Jésus est sans doute déçu par la demande de Jacques et Jean, mais il répond à cette » bonne maman » en bon psychologue, avec douceur et patience… Il aurait sans doute aimé une autre relation avec ses apôtres, une relation désintéressée et confiante, lui qui va tout donner, tout risquer sur la Croix ! …
Il n’a pas dit « prosternez-vous, adorez-moi, respectez mon rang« … Il aurait pu… car il est Dieu !
Il n’a pas cherché le pouvoir : Hérode n’avait rien à craindre, l’empire Romain non-plus…
En Jésus, tout a été humble, gratuit, généreux : les guérisons, les enseignements, sa présence au milieu des Hommes …
Aujourd’hui, l’Homme détruit la Terre, mais Dieu laisse faire :
tout a été donné sans caution, sans exigence,
et Dieu ne reprend pas ! Liberté sacrée de l’Homme.
À l’ambition d’une mère pour ses fils, Jésus répond : » Vous ne savez pas ce que vous demandez. «
Au cœur de la Sainte Trinité règne le feu brûlant d’un Amour Divin inimaginable, siège de la Création, point zéro du temps et de l’espace, Source sacrée de l’Amour universel…
Jésus doit reprendre sa place entre le Père et l’Esprit… Un jour, nous comprendrons.
Versets 24-28 :
Les dix autres, qui avaient entendu, s’indignèrent contre les deux frères. Jésus les appela et dit : « Vous le savez : Les chefs des nations commandent en maîtres, et les grands font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne devra pas en être ainsi :
celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur ;
et celui qui veut être parmi vous le premier sera votre esclave.
Ainsi, le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. «
Jésus est Premier.
N’a-t-il pas lavé les pieds (très sales !) de ses apôtres ? Un linge noué à la ceinture à la manière des serviteurs ?
N’a-t-il pas subi injustement le châtiment des esclaves : la Croix ?
Lui le Premier s’est fait serviteur et esclave de l’Homme : voilà notre modèle, voilà notre feuille de route…
Pour Dieu, la grandeur est dans le service de l’autre, le don de soi.
Il nous faut laisser le pouvoir aux grands de ce monde
et n’avoir pas peur d’être différents, à l’image du Christ :
LUI, Fils de Dieu n’a pas craint de se faire » Fils de l’Homme « ,
de servir et de donner sa vie par Amour.
La grandeur des Chrétiens est une grandeur d’humilité et de service.
Sommes-nous prêts à prendre la dernière place pour plaire à Dieu ?
Proposition de prière :
Seigneur, aide-moi, par ton Esprit-Saint,
à convertir tous mes » pouvoirs » en services humbles et désintéressés.
Apprends-moi à servir mon conjoint, mes enfants,
ma famille, les membres de ma paroisse, de mon association,
les habitants de mon immeuble, de mon quartier…
Aujourd’hui, je veux faire ta joie !
Amen !