Évangile selon St Marc (3, 20-35)
Versets 20-21 :
En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger.
Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient :
» il a perdu la tête. »
Jésus est-il débordé par la foule ?
Il mène une vie bien remplie : ses journées sont entièrement consacrées à l’enseignement et aux guérisons…
Son temps est totalement donné, il se laisse envahir, submerger par la foule…
Quel modèle pour nous ! …
Qu’est-ce qui occupe nos journées ?
Le travail ? La télévision ? Le sport ?
Nous arrive-t-il de donner du temps, gratuitement ?
L’engagement Chrétien ne reste pas longtemps raisonnable, car la » moisson est abondante et les ouvriers peu nombreux « … mais la contrepartie humaine mérite largement de s’investir, y compris au-delà du » raisonnable « …
Jésus n’est pas » raisonnable « , il ne garde pas un seul moment pour Lui…
Il ira bien plus loin, jusqu’à se faire nourriture pour l’Homme : « prenez et mangez, ceci est mon corps « .
« Prenez et buvez, ceci est mon sang « .
Jésus donne tout, comme le Père qui nous a tout donné.
Jésus ira jusqu’au bout du don de soi, jusqu’à la « folie » de la Croix ! et Marie acceptera enfin, silencieusement, unissant son cœur avec celui de son fils lors du coup de lance final… Au pied de la Croix, Marie comprendra jusqu’où son « fiat » l’a emmenée : « je suis la servante du Seigneur ».
Nous ne pouvons imaginer jusqu’où le Seigneur peut nous emmener si nous lui disons un vrai » oui » ! » n’ayons pas peur « , laissons-nous emporter par l’Esprit.
En voyant Jésus, nous savons maintenant que notre Amour n’a que les limites que nous lui fixons.
Sommes-nous prudents ? économes ? raisonnables ?
ou prêts à toutes les folies, guidés par l’Esprit ?
Contemplons la disponibilité du Christ, le don total de Jésus… (silence émerveillé)
Proposition de prière :
Apprends-moi, Esprit-Saint,
à faire le don de mon temps, de ma vie,
par Amour, à l’image de Jésus !
Versets 22-30 :
Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. »
Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison.
Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »
Relisons ce que dit le Credo :
« … Je crois en l’Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la vie.
Il procède du Père et du Fils.
Avec le Père et le Fils il reçoit même adoration et même gloire.
Il a parlé par les prophètes« (Symbole de Nicée-Constantinople).
L’Esprit-Saint fait bien partie de Dieu, (« il est Seigneur »), Il est Dieu au même titre que le Père et le Fils.
Jésus nous dévoile progressivement l’intimité de Dieu qui est Père, Fils et Saint-Esprit : 3 Personnes inséparables, fusionnées dans l’Amour en une seule. Dieu est un.
Aussi vrai que l’Homme et la Femme ne font qu’un quand ils s’aiment,
que les cinq doigts réunis ne font qu’une seule et même main
que les multiples notes ne constituent qu’une seule et même symphonie,
les trois Personnes unies dans un feu brûlant d’Amour ne font qu’un.
Un jour nous comprendrons le monde de l’Esprit,
bien au-delà du temps, des limites de l’Espace et du corps…
L’Esprit vient de Dieu, de l’éternel Amour entre le Père et le Fils. Il est don de Dieu au Monde, don de Dieu à l’Homme, à tout Homme : partout où se produit une réconciliation, partout où se trouve l’Amour, l’entraide, le partage, l’Esprit est à l’œuvre (et pas seulement dans l’Église).
L’Esprit est nommé dès le début dans l’Écriture : » …les ténèbres couvraient l’abîme, et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux » (Genèse 1, 2), et la science confirme aujourd’hui que la vie est née dans la mer…
La Présence de l’Esprit est rapportée par les évangélistes sous la forme d’une colombe (baptême du Christ), ou d’une langue de feu, ou d’un vent fort (pentecôte).
C’est encore l’Esprit qui mène Jésus au désert, avant sa vie publique : « alors Jésus fut emmené par l’Esprit au désert, pour être mis à l’épreuve par le diable » (Matthieu 4,1).
Enfin, au moment de mourir, sur la Croix, « Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l’esprit » (Matthieu 27, 50) : l’Esprit cœur et source de la vie du Christ.
L’Esprit est souvent suggéré sans le nommer, comme dans ce très beau cantique :
« Le vent souffle où il veut
et toi tu entends sa voix
mais tu ne sais pas d’où il vient
et tu ne sais pas où il va,
le vent ! « (DPS 361)
L’Esprit invisible et insaisissable, comme le vent…
L’Esprit est la source de tout bien. Il intervient où il veut, et souvent de manière surprenante, voire déconcertante : Il est Dieu ! Il se reconnaît aux effets de son passage, souvent après-coup…
Sa Présence dans le cœur de l’Homme est discrète, silencieuse, à disposition.
Il ne peut rien faire sans le consentement de l’Homme, sans un appel : respect Divin…
L’Esprit-Saint conseille, conduit, donne les moyens : il donne les mots, la sagesse, l’intelligence des écritures et des situations…
Il est le don suprême, infini, la grâce nécessaire et suffisante, qui comble le chercheur de Dieu au-delà des attentes. Dommage que l’Esprit souffre d’un manque de représentation dans nos églises, qui induit l’oubli fréquent de l’Esprit dans nos prières…
Avant son » départ « , Jésus fait une promesse aux apôtres : « quand viendra le Défenseur, celui que, moi, je vous enverrai du Père, l’Esprit de Vérité, qui provient du Père, c’est lui qui me rendra témoignage.« (Jean 15, 26).
L’Église a voulu » classifier » les dons de l’Esprit, qui sont » répertoriés » au nombre de 7 (chiffre symbolique de complétude). Les dons de l’Esprit sont : la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu, mais à mon avis, les dons sacrés de l’Esprit vont bien plus loin…
Pourquoi cette déclaration si sévère de Jésus :
» Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. » ?
Est-ce en réponse à l’accusation d’alliance avec le Mal, proférée par les pharisiens ?
Dire que le Mal vient de Dieu est un grave blasphème, qui signe sa provenance :
le Diable !
Attention à nos paroles sur la maladie, la souffrance ou la mort :
Dieu n’y est pour rien, aucune épreuve n’est voulue par Dieu,
le Mal ne vient pas de Dieu !!!
Au cœur de la terrible souffrance,
pensons à renouveler notre foi en Dieu, Père infiniment bon,
pour contrecarrer l’œuvre de destruction du Malin.
Proposition de prière :
Viens Esprit de Dieu,
viens par toute la Terre inspirer l’Amour véritable à tous les Hommes.
Donne-nous ta paix,
conduis-nous sur le chemin du respect, de l’écoute, du partage, de la tolérance, de l’indulgence, de la douceur et de l’humilité…
Conduis-nous sur le chemin qui mène au Père !
Viens Esprit-Saint !
Amen !
Versets 31-35 :
Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler.
Arrivée inopinée de Marie et des « frères » de Jésus (pourrait aussi être traduit par « cousins « ).
Que veulent-ils lui dire de si important ? De tellement urgent ?
Pourquoi viennent-ils en groupe ?
Une tentative familiale de « récupération » avait déjà été rapportée par l’évangéliste aux versets 20 et 21 de ce même chapitre (voir à samedi dernier) :
« Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. «
On peut imaginer que cette » délégation » familiale cherche à mettre en garde Jésus face à la dangereuse colère des pharisiens, qui met sa vie en péril : Marie et ses » fils » ont peur pour Jésus, ils ont raison…
Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit :
« Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. »
Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »
Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit :
« Voici ma mère et mes frères.
Voilà une réponse sans appel, qui semble bien sévère dans la bouche de Jésus.
En fait, Jésus n’est pas qu’un fils » ordinaire « , sa vision est plus haute et sa pensée rejoint celle du Père… La » famille » dont Jésus parle est à la dimension de l’Humanité tout entière, Humanité que Jésus est venu sauver. Jésus n’a pas la prudence des Hommes, il n’est pas » raisonnable » : son moteur est la force surpuissante d’un Amour Divin, Amour infini, plus fort que tout, et plus fort que la mort…
Tous ceux qui ont vu Jésus » vrai Homme » (sa famille, ses disciples, ses opposants…)
ont sur nous un handicap :
ils auront besoin de temps pour comprendre sa double nature » vrai Homme et vrai Dieu « .
Les mots de Jésus ont aussi une portée pour nous, aujourd’hui :
il y a le cercle de ceux qui écoutent la Parole, dans la » maison-Église « , il y a ceux qui refusent d’y entrer.
Il y a ceux qui interpellent Jésus du dehors, qui veulent imposer leur raison à Jésus, et ceux qui écoutent assis en cercle autour de lui…
La volonté de Dieu n’est pas à la dimension humaine.
Savons-nous l’accepter ?
Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Voilà le seul critère de Jésus : « faire la volonté de Dieu « , quel qu’en soit le prix !
Jésus sait ce qui l’attend, il ne se laissera pas détourner, même par Marie !
Rien n’est plus urgent, pour Jésus, que d’annoncer la Parole de Dieu, rien n’est plus important : le salut passe par là !
Ce passage me questionne sur ceux qui se proclament » croyants non-pratiquants » ?
Ceux qui refusent de venir s’asseoir pour écouter la Parole, et qui restent dehors ?
Et nous, ne sommes-nous tentés, parfois,
d’interpeler Jésus dans nos prières et de vouloir lui imposer notre vue trop humaine ?
Même Marie a voulu protéger son fils de la Croix…
La Vierge Marie a tenu un rôle essentiel dans la vie de Jésus, mais aussi dans la réalisation du projet de Dieu…
Marie reste silencieuse… sauf pour le Magnificat, pour reprocher à Jésus son » escapade » avec les docteurs de la Loi, et aux noces de Cana : « faites tout ce qu’il vous dira « .
Marie est entièrement ouverte à l’inconnu de Dieu, dans son cœur, dans sa vie : elle a dit » oui » à l’ange sans imaginer jusqu’où cela la conduirait :
Ce » oui » à Dieu a bien failli compromettre son mariage avec Joseph,
puis a obligé le couple à fuir devant la menace d’Hérode…
Lorsque Jésus aura 12 ans, ce sera l’acceptation silencieuse de cette déclaration étonnante : « ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? « .
Marie découvre progressivement (comme toutes les mères) que Jésus ne lui » appartient pas « , elle ne cessera de perdre son fils tout au long de l’Évangile, cachée dans son ombre, l’accompagnant dans sa prière : Marie invisible, silencieuse, effacée dans la foi.
Quand viendra l’heure de la Croix, Marie perdra son fils définitivement : Jean » prendra la place « , Marie devenant ainsi la mère de tous les croyants.
Lorsque la résurrection éclatera, Marie sera mentionnée pour la dernière fois, auprès des apôtres le jour de la Pentecôte : présente, elle ne dit rien, puis elle disparaît des textes… « disparaitre » après avoir servi voilà notre vocation ? …
Marie est un exemple de renonciation, d’humilité, de silence…
Merci Marie pour l’exemple de ta vie, du don total que tu as été, du don de ton fils à l’Humanité !
Proposition de prière :
Ta Volonté, Père, nous déroute parfois,
nous fait peur,
nous révolte…
Comment l’accepter sinon dans la foi,
dans une totale confiance en ta Parole, en ton Amour ?
Au moment des choix, Seigneur,
rappelle-nous cette parole de Marie :
» Faites tout ce qu’il vous dira » .
Amen !
Proposition de prière universelle :
1 (Genèse)
» Dieu appela Adam et lui dit : Où es-tu donc ? «
L’Homme d’aujourd’hui préfère le football, les voyages, la télévision ou internet.
Aide-nous, Seigneur, à rassembler nos frères les Hommes dans ton Amour.
Nous te prions
2 (Psaume)
» près de toi se trouve le pardon… »
Pour tous ceux qui n’arrivent pas à pardonner,
pour tous ceux qui sont écrasés par le remord,
Seigneur, nous te prions.
3 (Évangile)
» la foule se rassembla : il n’était pas possible de manger…«
Pour tous ceux qui se trouvent submergés par la mission,
pour tous ceux qui refusent de s’engager,
Seigneur, nous te prions.