Évangile selon St Marc (3, 31-35)
En ce temps-là, comme Jésus était dans une maison, arrivent sa mère et ses frères.
Restant au-dehors, ils le font appeler.
Arrivée inopinée de Marie et des « frères » de Jésus (pourrait aussi être traduit par « cousins « ).
Que veulent-ils lui dire de si important ? De tellement urgent ?
Pourquoi viennent-ils en groupe ?
Une tentative familiale de « récupération » avait déjà été rapportée par l’évangéliste aux versets 20 et 21 de ce même chapitre (voir à samedi dernier) :
« Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. «
On peut imaginer que cette » délégation » familiale cherche à mettre en garde Jésus face à la dangereuse colère des pharisiens, qui met sa vie en péril : Marie et ses » fils » ont peur pour Jésus, ils ont raison…
Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit :
« Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. »
Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »
Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit :
« Voici ma mère et mes frères.
Voilà une réponse sans appel, qui semble bien sévère dans la bouche de Jésus.
En fait, Jésus n’est pas qu’un fils » ordinaire « , sa vision est plus haute et sa pensée rejoint celle du Père… La » famille » dont Jésus parle est à la dimension de l’Humanité tout entière, Humanité que Jésus est venu sauver. Jésus n’a pas la prudence des Hommes, il n’est pas » raisonnable » : son moteur est la force surpuissante d’un Amour Divin, Amour infini, plus fort que tout, et plus fort que la mort…
Tous ceux qui ont vu Jésus » vrai Homme «
(sa famille, ses disciples, ses opposants…)
ont sur nous un handicap : ils auront besoin de temps
pour comprendre sa double nature » vrai Homme et vrai Dieu « .
Les mots de Jésus ont aussi une portée pour nous, aujourd’hui :
il y a le cercle de ceux qui écoutent la Parole, dans la » maison-Église « , il y a ceux qui refusent d’y entrer.
Il y a ceux qui interpellent Jésus du dehors, qui veulent imposer leur raison à Jésus, et ceux qui écoutent assis en cercle autour de lui…
La volonté de Dieu n’est pas à la dimension humaine.
Savons-nous l’accepter ?
Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Voilà le seul critère de Jésus : « faire la volonté de Dieu « , quel qu’en soit le prix !
Jésus sait ce qui l’attend, il ne se laissera pas détourner, même par Marie !
Rien n’est plus urgent, pour Jésus, que d’annoncer la Parole de Dieu, rien n’est plus important : le salut passe par là !
Ce passage me questionne sur ceux qui se proclament
» croyants non-pratiquants « ,
ceux qui refusent de venir s’asseoir pour écouter la Parole,
et qui restent dehors ?
Et nous, ne sommes-nous pas tentés, parfois,
d’interpeler Jésus dans nos prières
et de vouloir lui imposer notre vue trop humaine ?
Même Marie a voulu protéger son fils de la Croix…
La Vierge Marie a tenu un rôle essentiel dans la vie de Jésus, mais aussi dans la réalisation du projet de Dieu…
Marie reste silencieuse… sauf pour le Magnificat, pour reprocher à Jésus son » escapade » avec les docteurs de la Loi, et aux noces de Cana : « faites tout ce qu’il vous dira « .
Marie est entièrement ouverte à l’inconnu de Dieu, dans son cœur, dans sa vie : elle a dit « oui » à l’ange sans imaginer jusqu’où cela la conduirait :
Ce « oui » à Dieu a bien failli compromettre son mariage avec Joseph,
puis a obligé le couple à fuir devant la menace d’Hérode…
Lorsque Jésus aura 12 ans, ce sera l’acceptation silencieuse de cette déclaration étonnante : « ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon Père ? « .
Marie découvre progressivement que Jésus ne lui » appartient pas « , elle ne cessera de perdre son fils tout au long de l’Évangile, cachée dans son ombre, l’accompagnant dans sa prière : Marie invisible, silencieuse, effacée dans la foi.
Quand viendra l’heure de la Croix, Marie perdra son fils définitivement : Jean » prendra la place « , Marie devenant ainsi la mère de tous les croyants.
Lorsque la résurrection éclatera, Marie sera mentionnée pour la dernière fois, auprès des apôtres le jour de la Pentecôte : présente, elle ne dit rien, puis elle disparaît des textes…
Marie est un exemple de renonciation, d’humilité, de silence…
Merci Marie pour l’exemple de ta vie, du don total que tu as été, du don de ton fils à l’Humanité !
Proposition de prière :
Seigneur Jésus, face à ta mission, ta détermination est déroutante,
même pour Marie.
Dans les moments difficiles de notre témoignage,
donne-nous la force de te suivre.
Ô Marie, apprends-nous à accepter la Parole de Jésus, ton fils, notre Seigneur.
Amen !